APPEL À SIGNATURE
« Lettre appelant à la responsabilité des directrices et directeurs des Centres de Rétention Administrative»
En annonçant l’augmentation de la durée maximum légale de rétention des personnes dites en situation « irrégulière », le gouvernement assume que l’enfermement des étrangères et des étrangers est un mode de gestion des politiques migratoires. Ce n’est pas une nouvelle mais un changement significatif de degré et c’est à inscrire dans la «carcéralisation» de la politique sociale.
La mise en place et/ou le renforcement d’un système carcéral est une gestion politique et sociale des pauvres et des étranger.ère.s. La prison, la maison d’arrêt, le centre de détention pour mineur.e.s, le centre d’hébergement fermé, le centre de rétention administrative sont fait pour « gérer » celles et ceux qui doivent accepter l’enfermement comme une dimension ordinaire de leur vie sociale. Les dispensables (indésirables ?) et les triables sont d’abord les pauvres, les racisé.e.s et les étranger.ère.s.
L’enfermement dévore les richesses sociales et les êtres, et reproduit précisément les conditions qui conduisent les personnes à être enfermées. Un.e migrant.e enfermé.e ou vivant sous la menace constante de son enfermement est condamné.e sans autre forme de procès à une illégalité de fait et à son corollaire, la clandestinité.
Face à l’écrasante machine de la rétention et à l’absence de soutien extérieur, comme outil de lutte ou comme des formes de résignation, il ne reste souvent à celles et ceux qui sont derrières ces barreaux que la folie ou la mutilation.
Ainsi, lutter contre le système carcéral commence par briser les murs des prisons, symboliquement et concrètement : aller voir ce qu’il se passe derrière les murs et les barbelés, dénoncer toutes les formes de détentions, les violences physiques et psychologiques, dénoncer et mettre au ban toutes les collaborations, entendre et se faire l’écho des paroles politiques de celles et ceux qui y sont enfermé.e.s, soutenir leurs actes de résistances, les faire sortir par tous les moyens possibles et qu’ils et elles réintègrent l’espace du commun avant que nous perdions définitivement tout sens commun.
Les 15 mars et 30 mars dernier, lors de rassemblements devant le Centre de Rétention Administrative du Mesnil-Amelot, antichambre des expulsions située à quelques encablures de l’aéroport Charles De Gaulle, nous nous sommes fait l’écho d’un mouvement de résistance des détenu.e.s. Nous y avons dénoncé des cas de violences graves et de répressions qu’ils et elles subissaient particulièrement depuis plusieurs semaines. Lors de parloirs sauvages avec d’autres exilé.e.s en lutte à Paris 8 et ailleurs, avec les camarades de la CSP75, les détenu.e.s ont pu exprimer leur révolte, leur colère et leurs espoirs dont nous rendons compte régulièrement sur le site InfoCRA (https://collectifsanticra.wordpress.com).
Lors de ces rassemblements nous avons adressé une lettre aux directrices et directeurs des Centres de Rétention Administrative dans laquelle nous en appelions à leur responsabilité.
Nous revendiquons ainsi, que le fait de remettre en question une politique d’état inique ne dédouane pas à nos yeux les individu.e.s qui sont volontaires pour appliquer cette politique et qui laissent s’installer voir cautionnent des traitements inhumains et dégradants (qualification institutionnelle et de DH) qui dans d’autres circonstances seraient qualifiés de tortures.
Cette lettre est restée sans réponse directe, mais nous avons su, comme d’autres avant nous, que l’équilibre carcéral pouvait vaciller ; que les murs n’étaient pas si difficiles à faire tomber, et que le temps d’un rassemblement et d’une interpellation collective, l’étau de la répression pouvait se desserrer.
Mais ça ne suffit pas, il nous faut continuer, même au prix de ce que certain.es associatif.ves, manifestement enfermé.e.s dans une lutte pour les droits universels de l’homme blanc, et qui sont en voie d’étatisation, seraient tenté.e.s d’appeler une « radicalisation inquiétante »*. Nous répondons à celles et à ceux-là que nous préférons être radicaux à leurs yeux qu’inconséquent.e.s aux yeux de nos compagnes et compagnons de luttes.
La radicalisation que nous dénonçons est celle d’un état qui fait de l’enfermement un des piliers de « la protection », une protection contre toutes les menaces de dérèglements politiques, sociaux ou sécuritaires. Une protection autant illusoire qu’abstraite, puisque personne ne veut savoir ce qu’il se passe dans ces lieux d’incarcération, comme personne ne veut savoir ce que la police fait ou laisse faire dans les manifestations, dans les amphithéâtres des facultés de droit ou dans les quartiers.
Nous en appelons donc aux responsabilités de celles et ceux qui voient et veulent continuer à voir, de celles et ceux qui n’ont pas peur de nuire à tous ceux qui nous tuent.
POSEZ VOTRE SIGNATURE AU BAS DE LA LETTRE APPELANT À LA RESPONSABILITÉ DES DIRECTRICES ET DIRECTEURS DES CENTRES DE RÉTENTION ADMINISTRATIVE.
REJOIGNEZ-NOUS !
LA BRIGADE ANTI DÉPORTATION – LA CHAPELLE DEBOUT !
POUR SIGNER LA LETTRE EN PIÈCE JOINTE ICI ENVOYEZ UN MAIL À collectif.lachapelle.debout@gmail.com
* comme nous avons pu le découvrir dans une liste de diffusion interne datée du 15 mars 2018
Mme Françoise Ciron, Directrice du CRA 2 du Mesnil-Amelot
Mr William Leriche, Directeur du CRA 3 du Mesnil-Amelot
Mr Bruno Marey, Directeur des deux CRA de Paris
Paris – Vincennes et Paris – Palais de Justice
Mr Laurent Destouesse, Directeur CRA de Palaiseau
Mme Virginie Coët, Directrice du CRA de Plaisir
Mme Fauchard , Directrice du CRA de Cité
Paris le 30 mars 2018
Madame, Monsieur,
Ces dernières semaines nous avons eu connaissance de plusieurs cas de « violences graves » et de maltraitances dont ont été victimes des hommes et des femmes retenu.e.s dans les Centres de Rétention Administrative dont vous avez la gestion :
· Des cas de tentatives de suicides qui malgré les alertes des autres détenu.e.s n’ont été suivies d’aucun effet ni d’aucune attention particulière.
· Certain.e.s de nos militant.e.s ont pu être témoin de refus de parloir violent qui ont été suivi de coups répétés de la part des agents de police.
· Les cas de celles et ceux qui après avoir porté plainte contre des violences policières avérées et devant témoins se retrouvent en détention provisoire.
· Des cas de personnes contraintes à des expulsions forcées alors qu’elles avaient ingéré des lames de rasoirs.
· Des cas de personnes malades et en détresse qui ne reçoivent aucun soin de la part du personnel médical du centre de rétention et que les policiers ne manquent pas de maltraiter.
· Des cas de personnes qui suite à des malaises et à des tentatives d’auto mutilation, manifestement dus à leur enfermement, ont été déclarées « aptes à l’isolement » par les médecins du centre de rétention et placées parfois 18H dans une cellule, masquées, bras et pieds entravés.
La liste est longue et s’allonge chaque jour et parce que nous sommes pour la suppression des systèmes carcéraux mis en place par les autorités à l’égard des personnes étrangères, et que nous revendiquons une liberté de circulation et d’installation, nous croyons également à la responsabilité des personnes en charge du bon fonctionnement de ce système que nous dénonçons.
Le fait de remettre en question une politique inique ne dédouane pas à nos yeux les individu.e.s qui sont volontaires pour appliquer cette politique et qui laissent s’installer voir cautionnent des traitements inhumains et dégradants qui dans d’autres circonstances seraient qualifiés de tortures.
Nous pensons que vous avez à rendre compte en tant que directrices et directeurs de ce qui se passe à l’ombre de vos murs.
Nous pensons que la parole des détenu.e.s jamais crue et jamais entendue dans les tribunaux, doit être portée sans mesure ni réserve.
Les témoignages s’accumulent et rien ne laisse à penser que les cas pour lesquels nous avons manifesté les jeudi 15 mars 2018 et vendredi 30 mars 2018, et pour lesquels nous manifesterons encore, soient des cas isolés ou de simples bavures. Ils ne sont que les conséquences du système que nous dénonçons.
Bien qu’individuellement nous mettrons tout en œuvre pour aider les personnes victimes de ces violences à faire valoir leurs droits auprès des instances compétentes, ce n’est pas dans un esprit de « justice » que nous sollicitons un rendez-vous mais dans l’espoir que vous saurez saisir l’occasion qui vous est donnée de reconnaître ce qui ne peut ni être toléré ni cautionné dans un état de droits.
Nous venons ni négocier ni parlementer mais réclamer de votre part les seuls gestes possibles face à de telles exactions, une écoute, une prise en compte, des mesures significatives et si rien de tout cela n’est à votre portée, une démission qui serait l’ultime geste recevable.
Dans l’attente d’une réponse favorable, soyez assuré.e.s, Madame, Monsieur, de nos sentiments les meilleurs.
Très Cordialement
La Chapelle Debout !
Brigade Anti Déportation
Premières et premiers signataires :
Paris D’Exil
Association Culturelle des travailleurs immigres de Turquie
Georgette Mennessons
Odile Henry, sociologue, université Paris 8
Le CLAC, Collectif de Lutte AntiCapacitiste
Didier Epsztajn, animateur du blog entre les lignes entre les mots
Dominique Curet, ingénieur retraité
Ji young KIM
김지영
Marion Siéfert, metteuse en scène
Dominique Faluomi
Marie Le Menes
Chloé Guerber-Cahuzac
Anne-Marie Malibert, citoyenne retraitée
Brigitte Gaiffe, française résidente et militante auprès des migrants détenus en Belgique
Autremonde, association de solidarité
Olivier Barlet, Africultures, directeur des publications
Alexandra Scappaticci-Martin, journaliste
Erika Koenig, avocate
Valerie Massadian – cineaste
Reine Prat, agrégée de lettres et ex-haute fonctionnaire au ministère de la culture
Lettry Boris, ouvrier sans emploie actuellement
Emilie Lea Rodière
Florence Tissot
Béatrice Boubé
Jean-Pierre Martin, Ensemble
Yohanan Benhaim, doctorant et enseignant de science politique à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Anne SOURIAU-LAURENT
Olivier LAURENT
Sophie Leleu
Théotime Charrier
Antoine Arville
Section SNMD-CGT de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration
Saïda BENAYAD
Martine Blanchard, professeure retraitée
Nadine Mahé
La Pride de Nuit
Brigitte Guerber-Cahuzac. infirmiére retraitée ancienne MSF
Camille Jobin
Roman KRAKOVSKY, Associate Researcher, CERCEC (EHESS) and IHTP (CNRS)
Odile Hélier
Lynda Sifer Rivière
Erwan Menard
Emilie Bahuaud
Florence Smidt-Nielsen, Juriste – Droit d’asile
Elisabeth Zucker, démographe. LDH , CGT
Sandra Nicolle Bracho, photographe-infographiste
Evelyne Perrin, association Sang pour Sans ( Champigny sur Marne)
Omar Slaouti, militant antiraciste
Olivier Besancenot, porte parole du NPA
Eric Coquerel, député France Insoumise
Michel Sanciaud, President d’Attac 65
Monique Sanciaud
Christian MASSON
Lydie Labat
Catherine Veillon-Guilloux Fondatrice/Archiviste du Cercle Louis Guilloux
Tous les membres du Cercle Louis Guilloux
Nina Hetmanska pour l’association Mahassine, association qui agit auprès des exilés, à Paris
Marie-France Cohen-Solal
Klara Deluze
Bijan Rastegar au nom du collectif des iraniens contre la guerre
Danièle Touati
Vincent Mazzone, millitant syndicalistes et France insoumise
Valérie Bourguignon, Citoyenne solidaire (Solidarité Migrants Wilson)
Myriam Hélène Pignal
Béatrice Fujimura, retraitée
Éric Poisson
Jean-Francois Guillon
La CSP75
El baz ali militant associatif
Helena CERMAKOVA
Docteur Jean Paul CHARDON
Antonin Watenberg, individu collectif
Serge Seninsky, retraité
Arno Bertina
Céline Mainguy
Valérie Osouf
Martine NAWRAT, PLANNING FAMILIAL
Maryse Doess
Laura Ghattas
Joao dos Santos
Laurent Lemaire
Tifany Zarria – Service Civique en Zone d’Attente pour Personne en Instance de Roissy
Front Social 75
Le Genepi
Florine Le Bris, critique cinéma
Collectif Solidarité migrant.es Paris Centre
Marie-Christine Callet
Marie-France Coullet
Anne-Charlotte Gandziri
Marie Fauque-Lemmet
l’Autre Quotidien
Guy Muyard
Sarah Dinelli
Jérôme Soldeville, conseiller municipal, Grenoble
Christine GUILLOTIN
Jocelyne Clément, psychologue clinicienne, formée au psychotraumatisme et à la clinique de la migration
Danièle Obono, Députée de Paris (17e circonscription) – Groupe « La France insoumise »
Thierry Fossaert
Mme Carmignani Coralie
Nathalie LICHTENSZTEIN COMBASE, chef d’établissement à la retraite, Insoumise
Muriel HASCOËT-GUÉHO
Alexandre CHARLET, acteur
Pierre Rode 92310 Sèvres
Max Floridia
Catherine Fabre
Emma Delouvrié
Malou SIX, étudiante
Juliette Keating
Laurence Bondard
Marianne Madoré
Fabienne Guicheneuy
Florian Bonnefoi, militant et associatif
UJFP (Union Juive Française pour la Paix)